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“A JUSTE TITRE” DE JEAN-LUC COUCHARD

Doublement primé au Festival International du Film Espoir de Liège, « A juste titre » de Jean-Luc Couchard est une vraie réussite. Thibaut Demeyer & Brigitte Lepage.

Lorsque l’on cite son nom, on ne peut pas s’empêcher de penser à « Dikkenek » ou à « Taxi 4 ». Personnage atypique aux allures de grande gueule et très souvent hilarant, Jean-Luc Couchard nous prend à contre-pied à travers son second court métrage « A juste titre » qu’il est venu présenter au Festival du Film Espoir de Liège.

L’histoire d’Emma alias Stéphanie Van Vyve, en couple depuis vingt ans avec Pierre André alias Frédéric Etherlinck, politicien et homme d’affaires reconnu, apprécié tous. En apparence, ils forment, avec leur fille, une petite famille bourgeoise parfaite. En apparence du moins… Abusée pendant de nombreuses années et après de nombreuses plaintes, Emma décide de se rendre dans un foyer pour femmes battues. Elle y fait la connaissance de trois autres victimes qui vont changer sa vie au moyen de méthodes peu orthodoxes.

Tout commence par un hommage « à Sophie et Benjamin ». « Sophie a été une femme battue qui n’a pas réussi à le prouver et a fini par se suicider. Son frère a alors essayé de le prouver à son tour et a fini lui aussi par se suicider ! » nous révèle Jean-Luc Couchard. Sophie et Benjamin étaient des amis de la compagne du comédien-réalisateur. Dès lors, cette dédicace est un hommage que Jean-Luc a souhaité leur rendre.

Jean-Luc Couchard – A juste titre (c) Brigitte Lepage

Oui, « A juste titre » est un court métrage qui parle de la violence faite aux femmes. Une histoire poignante, criante de vérité, interpellante, pudique, tant par l’image que par les dialogues. Jean-Luc Couchard évite le voyeurisme malsain de la femme victime. Son cadrage est réfléchi, précis, pour nous offrir des images pertinentes, débouchant sur une atmosphère pesante et révoltante vis-à-vis de ces hommes sans scrupules qui n’ont pas appris à respecter la femme. Dès lors, on ressort de la projection à la fois bouleversé mais aussi dégoûté à l’idée qu’aujourd’hui encore, des femmes sont victimes de telles violences. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jean-Luc Couchard nous envoie une belle claque dans la figure, histoire de nous secouer et de nous ouvrir les yeux. Espérons que son court métrage va réveiller les consciences et surtout faire bouger les choses. « Je voulais effectivement aller vers la sensibilité et me mettre à la place d’une femme qui est battue. Mais que peut-elle faire ? Porter plainte ? Oui, mais malheureusement, parfois, cela ne va pas plus loin » regrette, à juste titre, celui qui a incarné le Belge dans « Taxi 4 ».

Même si ce n’est pas vraiment le cas, Jean-Luc Couchard véhicule cette image d’un acteur de comédies populaires. Alors que la réalité est différente, « j’avais envie de travailler sur un sujet sérieux et pendant le Covid, j’ai vu des histoires de féminicides. C’est quelque chose que je ne supporte pas, qui me dégoûte. J’ai alors proposé le synopsis à ma productrice. » C’est que celui qui fût JC dans « Dikkenek » a, comme il nous l’explique, un profond respect pour les femmes « ma maman était une féministe avant l’heure. On était quatre garçons à la maison,  éduqués par ma mère. Elle nous a appris à respecter les femmes… on ne frappe pas une femme, même pas avec une rose ».

(c) Brigitte Lepage

Ce qui est justement flagrant dans « A juste titre », c’est la sensibilité dont Jean-Luc Couchard fait preuve « derrière chaque comique, il y a de la sensibilité » dit-il, précisant « Je n’avais pas envie de tomber dans le pathos, c’est pour cela qu’il y a un peu d’humour avec ces deux mecs qui parlent de la place de l’homme dans un couple » insiste le Dolhaintois d’origine.  

Au-delà de la qualité scénaristique confirmée par le prix du scénario et de mise en scène, « A juste titre » bénéficie d’une direction d’acteurs formidable. D’ailleurs, le jury du Festival International du Film Espoir ne s’est pas trompé en octroyant le prix d’interprétation féminine au trio Deborah François, Isabelle De Hertogh et Daphné Huynh. Du côté masculin, on soulignera la prestation de Jérôme De Warzée dans un rôle diamétralement opposé de l’image véhiculée à travers le Grand Cactus.

On peut dès lors dire que « A juste titre » est une œuvre réussie à tout point de vue.

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